Si la pollution lumineuse et ses effets sont encore peu connus et intégrés dans les politiques publiques en faveur de la biodiversité, elle cause de nombreuses perturbations à la faune et à la flore notamment en fragmentant les habitats naturels pour les espèces nocturnes.
Si la Trame verte et bleue (TVB) concerne toutes les continuités écologiques, sur le terrain elle a souvent été envisagée essentiellement pour les espèces diurnes.
Afin de mettre l’accent sur les spécificités de la fragmentation des habitats par les éclairages artificiels durant la nuit, l’Office français de la biodiversité porte la démarche de Trame noire qui a pour objectif de lutter contre ce phénomène. Elle s’inscrit donc pleinement dans la politique TVB.
Si la pollution lumineuse et ses effets sont encore peu connus et intégrés dans les politiques publiques en faveur de la biodiversité, elle cause de nombreuses perturbations à la faune et à la flore nocturne notamment par la fragmentation des habitats naturels.
Par exemple, les oiseaux et les insectes nocturnes se repèrent et s’orientent en fonction des étoiles ou de la lune. Ils sont attirés par ces sources lumineuses artificielles et perdent leurs repères. Au contraire, d’autres espèces comme les chauves-souris fuient la lumière, et ces installations constituent pour elles des barrières quasiment infranchissables qui fragmentent leur habitat. La présence de lumière artificielle perturbe également le cycle de vie des êtres vivants et a notamment un effet sur la saisonnalité des végétaux.
Pour lutter contre ces effets, la démarche de Trame noire a été mise en place avec pour objectif de préserver ou restaurer un réseau écologique propice à la vie nocturne.
Depuis plusieurs années en France, des territoires ont commencé à identifier leur Trame noire.
Le Parc national des Pyrénées œuvre depuis 2015 pour mieux connaître et limiter l’impact de la lumière artificielle sur la biodiversité du site. Une modélisation précise de la qualité du ciel étoilé a été réalisée pour tout le territoire. Chaque point lumineux a été caractérisé en particulier par sa puissance et par la quantité de lumière émise en direction du ciel à l’horizontale. Ce travail a permis de visualiser les points de conflits vis-à-vis des espaces naturels et d’identifier les réservoirs de biodiversité et les corridors peu ou pas impactés par la pollution lumineuse, qui constituent la Trame noire. Le Parc national, en lien avec les syndicats départementaux d'énergie, engage un travail avec les communes concernées en les accompagnant dans la modification de leurs pratiques ou de leurs équipements d’éclairage dans les zones identifiées.
Des exemples existent également dans les grandes villes françaises comme la métropole de Lille. Un projet de recherche a été mené pour évaluer la connectivité écologique nocturne à l’échelle de la Métropole, en s’appuyant sur des inventaires de chauves-souris, et pour identifier des pistes d’amélioration de cette connectivité en réduisant l’éclairage. En complément, une étude sociologique de la perception de la Trame noire a été menée auprès des habitants et montre qu’a priori, la Trame noire est socialement acceptable. La grande majorité des personnes interrogées s’accordent sur les effets néfastes de l’absence de nuit sur la faune nocturne. D’une manière générale, les citadins se disent prêts à renoncer au confort que leur octroie l’éclairage public pour protéger ces espèces des impacts de la lumière artificielle.
Pour encourager le développement de la Trame noire en France, l’Office français de la biodiversité vient de publier « Trame noire, méthodes d’élaboration et outils pour sa mise en œuvre ». Ce guide de la collection Comprendre pour Agir, propose des définitions, des méthodes et des outils concrets illustrés de nombreux retours d’expérience pour accompagner ces réflexions dans les territoires afin qu’ils s’engagent en faveur de la nature.